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Le GOPEV : un regard à 360° sur la protection de l’enfance en France.

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Différentes études ont été réalisées par le GOPEV (Groupe d’Observation de la Protection des Enfants contre les Violences), entre septembre 2024 et mars 2025 visant à interroger parents et professionnels sur leurs rapports au phénomène des violences faites aux enfants. Le jeudi 26 juin 2025, en présence de Sarah El- Haïry, Haute-commissaire à l’Enfance, le GOPEV a présenté les résultats. Découvrez notre retour sur le rapport.

Un regroupement d’associations de protection de l’enfance.

Créé en 2024, le GOPEV réunit six structures œuvrant pour la lutte contre les violences faites aux enfants : la Fondation pour l’Enfance, La Voix de l’Enfant, Enfance et Partage, la Convention Nationale des Associations de Protection de l’Enfant (CNAPE), le Conseil Français des Associations des Droits de l’Enfant (COFRADE) et L’Enfant Bleu.

Elles unissent leurs forces pour mettre en œuvre différents travaux d’étude et d’observation sur la situation de la protection de l’enfance en France afin de confronter les politiques publiques de l’Enfance à des évaluations continues de leur impact, à des recherches rigoureuses et à des données fiables.

C’est en ce sens que le GOPEV a été accompagné par le cabinet Koreis pour mener des travaux de collecte et d’analyse de données auprès de parents et de professionnels.

Des analyses approfondies des situations et comportements face aux violences infantiles.

Deux baromètres ont été menés, l’un auprès de 600 parents et l’autre auprès de 1 277 professionnels au contact d’enfants (de la protection de l’enfance, de la santé, de l’éducation ou l’animation culturelle, du sport, ou autre), afin d’apporter un éclairage récent sur la perception du phénomène des violences faites aux enfants.

Les résultats de ces études ont été complétés par :

  • des travaux d’observation menés par le GOPEV, s’appuyant sur des données qualitatives telles que des remontées de terrain, des retours d’expériences ;
  • et par un recensement de données déjà existantes sur le phénomène des violences faites aux enfants.

L’ensemble des ces analyses permettent ainsi au GOPEV de proposer un regard à 360° sur ce phénomène et sur la la politique publique de lutte. La reconduction de ces études en 2026 permettra d’analyser les évolutions et de dégager des tendances sur la période.

Des données qui permettent d’engager de nouvelles réflexions.

Les réponses obtenues par les parents et professionnels permettent au GOPEV de dresser un état des lieux inédit sur 4 points essentiels des violences et de la prévention de ces dernières et rappellent la nécessité de porter des politiques publiques fortes de lutte contre les violences faites aux enfants.

Le positionnement des parents :

Les parents ont été interrogés sur 4 thématiques sous-jacentes de la protection de l’enfance :

  • Leurs connaissances sur le sujet de la lutte contre les violences faites aux enfants.
  • Leur capacité à prévenir, repérer et alerter sur des risques ou des faits de violences.
  • Leurs représentations sur les risques dans l’environnement de leurs enfants (crèches, milieux scolaires, activités extra-scolaires, entourage, accès aux médias).
  • Et leurs attentes sur les actions de sensibilisation et de prévention.

25 % n’ont jamais signalé de situations de violence, malgré en avoir été témoins pour 13 % d’entre eux.

56 % rencontrent des freins au signalement, telles que la peur des conséquences, la méconnaissance des démarches, etc.

90 % déclarent que leur enfant est en sécurité avec son entourage. Pourtant, environ 20 % des femmes (1 sur 5) et 16 % des hommes (1 sur 6), âgés de 18 à 74 ans, ont déclaré avoir subi une violence intrafamiliale avant l’âge de 15 ans (Service statistique ministériel de la sécurité intérieure. (2022). Panorama des violences en France métropolitaine : enquête GENESE 2021).

64 % jugent la prévention insuffisante, notamment pendant la grossesse et la petite enfance. « Il faut plus de séances de sensibilisation au niveau des écoles pour permettre aux enfants d’alerter ainsi qu’à leurs parents. » – un parent ayant répondu à l’enquête.

Sur le regard que porte les parents aux environnements de leurs enfant, un écart préoccupant est ainsi relevé par rapport à la réalité des violences vécues par les enfants. « Leur vigilance semble limitée : les dangers perçus apparaissent bien moindres que ceux révélés par les données statistiques. Ce décalage interroge la capacité réelle des parents à évaluer correctement les risques auxquels leurs enfants peuvent être exposés. »

Le positionnement des professionnels

Les différents professionnels interrogés ont répondu à des questions portant sur :

  • Leur exposition au phénomène des violences faites aux enfants.
  • La façon dont ils se sentent équipés pour faire face à ces sujets (en tant qu’individu et en tant que professionnel).
  • Leur expériences d’alertes (appel à un numéro d’urgence, information préoccupante ou signalement).
  • Les risques perçus au sein de leur profession et dans leurs conditions d’exercice.

79 % des professionnels de la protection de l’enfance se sont déjà sentis impuissants face à une situation à risque.

49 % des professionnels (confondus) déclarent avoir rencontré des freins au signalement.

1 professionnel sur 10 a déjà été témoin de situation(s) qui aurai(en)t pu justifier une alerte, mais n’a pas alerté.

Les résultats démontrent des freins persistants au signalement des violences faites aux enfants. Si, de manière générale, les professionnels, tous secteurs confondus, estiment être suffisamment formés pour repérer et alerter, un grand nombre de situations ne font toutefois pas l’objet de signalements.

Des leviers pour agir concrètement : le plan de lutte 2023-2027.

C’est en 2017 que le premier plan interministériel de lutte contre les violences faites aux enfants a vu le jour. Depuis, 2 autres plans ont suivi : le deuxième pour la période 2020-2022 puis le troisième, actuellement en cours, pour la période 2023-2027. Celui-ci a pour ambition de s’adresser à l’ensemble de la société : enfants, parents, professionnels et citoyens, avec 6 objectifs et 22 mesures phares.

Le GOPEV, en s’appuyant sur les résultats des baromètres, ainsi que sur ses recherches qualitatives et de ressources existantes, a formulé plusieurs préconisations pour l’exécution ou pour l’ajustement de ces mesures. Celles-ci portent globalement sur :

  • La formation des professionnels : le GOPEV décrit le besoin de mieux former les professionnels (notamment non-spécialisés), et de valoriser leur rôle dans le repérage et la protection. En ce sens, il souligne la nécessité de rendre la formation systématique et adaptée à tous les contextes.
  • La prévention : le GOPEV plaide pour un renforcement des dispositifs dès la périnatalité, la généralisation de l’entretien prénatal précoce (EPP), la formation des professionnels de la petite enfance. Les associations membres portent une vision unique d’une prévention qui commence avant la naissance.
  • Le signalement : le GOPEV constate des freins persistants au signalement (peur, doutes, manque de retours) et recommande ainsi de mieux outiller les professionnels et de lever la crainte du « mauvais signalement ». Il est nécessaire de faciliter le signalement, tout en renforçant la sécurité des personnes qui signalent.
  • Les campagnes de sensibilisation : le GOPEV souligne les effets positif des campagnes, recommande leur coordination avec les associations et alerte sur le manque de moyens pour absorber les retombées (par exemple : les appels au 119 ou à L’Enfant Bleu). Une action publique forte et répétée est nécessaire dans la protection de l’enfance. En ce sens, la campagne 2025 portera sur la notion de doute, la peur de se tromper d’un adulte qui hésite à signaler un fait de violence. « En cas de doute, il n’y a pas de doute. »
  • La mise en place d’une « Gouvernance de l’Enfance solide » : le GOPEV demande une stabilité politique dans le pilotage du plan national et une clarification de la gouvernance interministérielle afin d’éviter les injonctions contradictoires et de garantir une stratégie lisible.
  • Le renforcement des dispositifs de contrôle des antécédents, telle que l’attestation d’honorabilité, expérimentée dans six départements : le Nord, Paris, l’Essonne, les Hauts-de-Seine, la Vendée et le Maine-et-Loire depuis le 23 septembre 2024. Plus de 93 000 demandes d’attestation d’honorabilité ont été recensées et, parmi elles, 435 ont été refusées en raison de condamnations.

Pour consulter l’ensemble des résultats et préconisations du GOPEV :