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Procès Le Scouarnec, affaire individuelle ou faillite collective ?

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Un agresseur chez les soignants : « impensable » ?

Le procès du chirurgien Joël Le Scouarnec, accusé d’agressions sexuelles sur plus de 300 enfants, met en lumière une problématique bien plus vaste que le cas individuel. Il interroge l’ensemble du système médical et sa capacité à détecter et prévenir de tels actes.

Le corps médical, par sa proximité quotidienne avec le corps humain, est dans une position singulière. Cette intimité rend la vigilance d’autant plus essentielle.

Pourtant, le témoignage d’un médecin lors du procès, déclarant :

« Comment vouliez-vous qu’on agisse ? On n’avait jamais imaginé qu’un médecin puisse être un agresseur. »

Résume la posture de déni du corps médical qui, encore souvent perçu comme au-dessus de tout soupçon, affiche un retard préoccupant. Une absence de prévention qui a permi au chirurgien d’agresser des enfants pendant des années.

« Apprendre qu’un confrère est cité à comparaître et considérer que ce n’est pas son problème, interroge la déontologie médicale. Est-ce que ce n’était pas justement votre responsabilité de vous intéresser à son passé ? Pourquoi ne pas avoir recontacté les anciens patients, les enfants ou leurs familles, pour s’assurer qu’aucun comportement suspect n’avait été observé ? » Maître Boyer, avocat de L’Enfant Bleu

À la barre, les professionnels défilent : aucun protocole, aucune remise en question, juste cette excuse : « l’impensable ».

La Détention d’Images Pédopornographiques : Un Acte Gravissime

Lors des audiences, la présidente du tribunal a interrogé un médecin, ancien président du conseil de surveillance de la clinique, sur la condamnation de M. Le Scouarnec pour détention d’images pédopornographiques. Sa réponse :

« C’est de l’ordre du fantasme. »

Cette déclaration, venant d’un professionnel censé porter une responsabilité éthique majeure, est alarmante. Comme le rappelle Maître Jean-Christophe Boyer, avocat de l’association L’Enfant Bleu :

« Derrière chaque image, il y a des victimes. Il ne faut pas dévaloriser la gravité de son acte » Maître Boyer, avocat de L’Enfant Bleu

Le “premier acte”, celui de regarder, de posséder, est déjà une forme de violence et selon l’OFMIN, 40% des détenteurs d’images pédopornographiques passent à l’acte physiquement.

L’Enfant Bleu Demande la Poursuite des Investigations

L’association L’Enfant Bleu a interpellé le parquet sur le nombre de victimes potentielles non identifiées, soulignant que les carnets de l’accusé ne sont pas exhaustifs. Certaines années d’activité ne sont pas documentées, et Joël Le Scouarnec a exercé en tant que remplaçant, élargissant potentiellement le périmètre des agressions.

En réponse, le parquet général de Rennes a ouvert une enquête préliminaire le 20 mars 2025 pour poursuivre l’identification des victimes.

Appel à une Mobilisation Collective

L’association appelle à des réformes urgentes pour mieux protéger les enfants :

  • Renforcer les pouvoirs des directeurs d’hôpitaux pour suspendre rapidement un praticien dangereux.
  • Réviser les procédures disciplinaires médicales.
  • Créer une déontologie centrée sur la défense des mineurs.

Actuellement, la peine encourue pour un viol aggravé est de 20 ans, qu’il y ait une victime ou plusieurs centaines. Le viol en série n’est pas reconnu comme infraction spécifique. L’Enfant Bleu demande une peine de 30 ans de réclusion pour les viols en série, afin de prendre en compte la préméditation, la répétition et l’instrumentalisation de la vulnérabilité des victimes.

Ne Restons Pas dans l’Impensé, Agissons !

Maître Jean-Christophe Boyer souligne :

« Si les professionnels de santé n’ont pas encore intégré cette culture de la vigilance, c’est bien parce qu’elle n’est pas encore suffisamment portée et diffusée par la société elle-même. »

Il est urgent que le secteur médical développe une culture du repérage, de la prévention et de la responsabilité.