L’Enfant Bleu annonce le renouvellement de ses ateliers conte, à partir de janvier 2025. Entretien avec Lucie Potet, psychologue clinicienne et animatrice de ces ateliers.
Des ateliers sur le conte pour figurer les difficultés
D’abord en 2022 puis en 2024, L’Enfant Bleu a organisé des ateliers conte destinés aux enfants âgés de 4 à 8 ans victimes de violences sexuelles. Les sessions reprennent dès le début de l’année 2025, avec non pas un, mais deux groupes de 4 enfants maximum.
Intervenant en complément d’une thérapie individuelle (extérieure ou non à l’association), ces ateliers permettent aux enfants tout d’abord de se socialiser entre pairs au sein d’un même collectif soudé, de se sentir en sécurité et revalorisé en déployant ses ressources intérieures et, in fine, de diminuer la charge émotionnelle associée aux traumatismes vécus.
Lucie qualifie d’ailleurs « le souvenir [comme] une galaxie et les traumas peuvent être considérés comme les déchets de la galaxie. » Ainsi, le conte lui était apparu comme un médium intéressant pour un travail collectif sur le trauma dans lequel les enfants, au fil des séances, se sentiront de plus en plus à l’aise pour raconter. « Il y a un aspect de solidarité très fort entre les enfants du collectif. »
Le choix du conte n’est pas anodin. Premièrement car c’est un support familier aux enfants. Secondement car, « dans le conte, il y a une rupture de la narrativité. C’est une avancée progressive d’un héros qui traverse des épreuves et qui va vers un dénouement qui est, en général, heureux. » Il permet ainsi de travailler sur le psychotrauma en faisant appel à la symbolique pour solliciter certaines choses chez les enfants afin de leur permettre de comprendre inconsciemment ce qui se joue et de pouvoir lier les événements psychotraumatiques avec le reste de leur parcours de vie.
Il est important aussi de faire comprendre aux enfants de ne pas se réduire à ce traumatisme et qu’ils peuvent demander de l’aide, même quand ils seront adultes.
Lecture et activité créative : un duo bénéfique
Lucie Potet commence la séance par proposer aux enfants de prendre place sur des coussins, au sol, autour d’une table basse. Elle poursuit par la lecture d’un conte, non imagé, et écrit par ses soins, permettant de déployer l’imagination des enfants.
Enfin, les enfants sont invités à explorer le conte au travers d’une activité artistique libre (dessin, collage, etc.) pour leur permettre d’exprimer leurs ressentis de manière créative.
Informations pratiques
- Dates : les mercredis de janvier à juin 2025.
- Durée : 1 heure, de 17h à 18h.
- Lieu : à l’association l’Enfant Bleu, située à Issy-les-Moulineaux.
Renseignements complémentaires et inscription par e-mail : renseignements@enfantbleu.org
Accompagnement thérapeutique
Proposé aux enfants, le soutien psychologique doit pouvoir être mis en place le plus tôt possible pour aider l’enfant à surmonter les difficultés qu’il rencontre et pour l’aider à reprendre confiance en lui et dans les autres.
En effet, la nécessité d’une prise en charge la plus précoce possible est une réalité car la maltraitance entrave la vision du monde encore fragile que l’enfant est en train de se construire.
Plus la maltraitance survient tôt dans le développement d’un enfant, plus elle vient ébranler ses repères. De plus, nous savons que les maltraitances, quelles qu’elles soient, génèrent, au-delà des atteintes physiques, de lourdes conséquences émotionnelles et comportementales chez les enfants.
Il s’agit donc avant tout d’offrir à l’enfant un espace contenant et protecteur ainsi qu’une écoute bienveillante pour lui permettre de sortir du silence et d’aborder sa souffrance.
L’objectif essentiel de la thérapie est de favoriser l’expression des émotions et des souffrances : l’aider à identifier et à s’emparer de ses propres ressources, aussi bien internes qu’externes, exprimer des sentiments pour lesquels il n’a pas de mot, travailler sur l’image du corps, apaiser sa culpabilité, etc.
Une thérapie individuelle est également proposée aux personnes adultes ayant été victimes de maltraitance durant leur enfance. Lorsque l’adulte n’a pas eu la possibilité d’exprimer sa souffrance lorsqu’il était enfant ou jeune adulte, il met en place des défenses et des comportements, plus ou moins profondément ancrés.
Cet accompagnement psychologique pour les adultes victimes dans leur enfance, est d’autant plus important lorsqu’il s’agit de jeunes majeurs pour leur permettre de construire leur identité d’adulte sereinement.
En effet, entre 18 et 22 ans, au sortir de l’adolescence, les victimes de maltraitances rencontrent de nouvelles problématiques, à savoir l’image qu’ils peuvent renvoyer, des difficultés à s’insérer dans la vie professionnelle et à créer des liens solides, tant sur le plan social qu’affectif.
