Sondage Harris-Toluna pour L’Enfant Bleu 2022 : un mouvement de libération de la parole sans pareil qui oblige à une prise en charge de plus grande ampleur en France.
Il y a cinq ans, L’Enfant Bleu levait le voile sur le tabou de la maltraitance infantile en France avec un sondage retentissant : 1 Français sur 4 y révélait alors avoir été victime de maltraitances physiques ou psychologiques dans son enfance.
Depuis, la parole a continué à se libérer, suite aux mouvements #MeToo et #MeTooInceste, à l’explosion des violences intra-familiales lors des confinements successifs au plus fort de la pandémie de Covid, aux affaires très médiatisées impliquant des personnalités publiques (Matzneff, Duhamel) ou encore à la création de la Ciivise (=Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants) en janvier 2021.
Quel impact cela a t-il eu sur les Français ? Qu’ils aient été victimes ou qu’ils soient témoins de maltraitances infantiles, ont-ils été incités à parler ? A davantage alerter pour sauver des vies ?
L’association publie aujourd’hui les résultats actualisés des enquêtes réalisées en 2014 et 2017 et appelle les pouvoirs publics à prendre en compte cette libéralisation de la parole avec des engagements forts contre les violences faites aux enfants.
Les français et la maltraitance des enfants
Ce qu’il faut retenir du sondage Harris Interactive 2022 pour L’Enfant Bleu
Cinq ans après sa dernière enquête, L’Enfant Bleu – association qui agit depuis près de 30 ans auprès des enfants victimes de maltraitances – dresse un nouvel état des lieux de la maltraitance des enfants en France. Dans un sondage inédit mené par Harris Interactive*, les Français ont été à nouveau interrogés sur leur perception, mais surtout sur leur expérience personnelle de la maltraitance infantile.
* Enquête réalisée online du 4 au 7 novembre 2022 auprès d’un échantillon de 1064 personnes représentatif des Français âgés de 18 ans et plus
Il en ressort principalement que :
- Fréquente pour près de 8 Français sur 10 (76%, + 4 points depuis 2014), la maltraitance des enfants est un phénomène qu’ils estiment insuffisamment pris en compte par les pouvoirs publics (65% des répondants) ;
- Alors que le mouvement #Metoo a, selon 78% des Français, libéré la parole autour des maltraitances durant l’enfance, le sujet est toujours considéré comme tabou dans notre société (73%) ;
- Interrogés sur leur propre enfance, 24% des Français relatent des évènements assimilables à de la maltraitance, en augmentation de 10 points depuis 2014 ;
- Parmi ces personnes se déclarant victimes de maltraitances graves, le silence reste de mise : 25% seulement indiquent les avoir dénoncées à l’époque des faits (+6 points par rapport à 2017) ;
- Près d’1 Français sur 2 (47%) estime probable, voir certains, qu’il y ait dans son entourage au moins une personne ayant été victime de maltraitance durant l’enfance.
- 31% soupçonnent au moins un cas de maltraitance à l’œuvre envers un enfant au cours des dernières années dans leur entourage.
- Parmi eux, 86% (+7 points) déclarent être intervenus pour faire part de leurs soupçons, le plus souvent auprès d’autres adultes ou directement auprès des enfants victimes.
- Les Français déclarent quasi-unanimement favorables (87%) à ce que la maltraitance soit abordée à l’école et 69% (+9 points) des parents indiquent avoir eu des échanges avec leurs enfants sur le sujet.
L’Enfant Bleu a constaté une forte augmentation des besoins
Ces quatre dernières années, l’Enfant bleu a enregistré une augmentation sans précédent des appels de victimes ou pour témoigner de maltraitances sur des enfants : + 45% d’appels en 2022 par rapport à 2019 et + 51% d’appels en 2020 (début de la hausse suite au confinement) par rapport à 2019.
En 30 ans d’existence, nous n’avions jamais reçu autant d’appels, souligne Isabelle Debré, Présidente de l’Enfant Bleu. Les maltraitances sexuelles représentaient 55% de nos dossiers en 2021 soit plus de 11 points par rapport à 2019 et 30 points par rapport à 2014 ! ».
L’association a agi en conséquence
Face à l’urgence d’agir, l’Enfant Bleu a multiplié les actions avec :
- La prise en charge d’une partie des appels du 119 durant le premier confinement,
- L’ouverture de deux antennes, en Isère et en PACA et de trois groupes de parole supplémentaires pour les adultes,
- La mise en place du dispositif Fortnite, pour permettre aux jeunes, victimes de maltraitances au sein de leur foyer, de lancer un appel à l’aide via le célèbre jeu en ligne, davantage d’interventions dans les écoles (+28% d’enfants sensibilisées en 2021 vs 2019).
ALORS QUE LA PAROLE SE LIBÈRE, IL EST PRIMORDIAL QUE LA SOCIÉTÉ SOIT EN MESURE D’ACCOMPAGNER EFFICACEMENT TOUTES LES VICTIMES !
En 2023, l’Enfant Bleu mettra l’accent sur trois axes d’actions prioritaires :
- Poursuivre ses actions de sensibilisation et de prévention dans les écoles, en intégrant également tous les dangers liés au numérique ;
- Débloquer davantage de moyens pour la prise en charge des victimes : réorganisation de son pôle d’écoute, ouverture de nouvelles antennes en région, création d’un réseau national de psychologues référents spécialisés dans la prise en charge des victimes de violences infantiles ;
- Poursuivre son action de plaidoyer auprès des pouvoirs publics pour contribuer à garantir la même protection des enfants sur l’ensemble du territoire Français : harmonisation des pratiques…
Sur cette fin d’année 2022, L’Enfant Bleu lance une nouvelle campagne de sensibilisation auprès du Grand Public sous le #poureuxtenonsparole.