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Accompagnement des victimes
Écoute téléphonique
Chaque jour, deux à trois bénévoles-écoutants assurent une permanence. Ils sont présents chaque semaine, le même jour, pour permettre une continuité de prise en charge et un suivi personnalisé pour chaque personne appelant.
Ils sont formés en continu par les professionnels de l’association afin de leur permettre une écoute cohérente et bienveillante, éclairée par une connaissance juridique et psychologique de la problématique de la maltraitance. Ils occupent une place prépondérante au sein de l’association et en sont la pierre angulaire.
Le bénévole soutient et accompagne les personnes dans leurs démarches et fait le lien avec les juristes et psychologues de l’association, avec qui sont réfléchies les actions à mener.
Témoignage de Régine, bénévole à L’Enfant Bleu depuis 2019
- Pourquoi avoir décidé de rejoindre L’Enfant Bleu ?
J’ai rejoint L’Enfant Bleu car je me suis toujours dit qu’une fois à la retraite je proposerai mon aide à une association qui lutte contre la maltraitance. Les locaux de L’Enfant Bleu étant situés à côté de mon lieu de résidence lorsque j’étais enfant, j’ai vu cette coïncidence comme un signe du destin.
- Comment se déroule ta journée type en tant que bénévole écoutante ?
Ma journée type en tant que bénévole écoutante débute à 10 h par la lecture des mails de mes appelants. Par la suite, je prends connaissance de messages de nouveaux appelants qui sollicitent l’aide de l’association. Lorsque j’ai pu m’entretenir avec au moins l’une de ces personnes, je présente sa situation durant la collégiale* de 11h30 afin de répondre à ses questions.
Après la collégiale, je rappelle le bénéficiaire pour l’informer des réponses des professionnelles. Je peux ensuite regarder si les appelants pour lesquels j’ai déjà un dossier m’ont contactée. Entre 17h et 18h, je range mes dossiers pour les retrouver la semaine suivante.
* Temps de réunion pluridisciplinaire avec la psychologue et la juriste référente du bénévole pour l’étude de chaque cas. Ces réunions se tiennent chaque jour de 11h30 à 13h et de 14h à 15h.
- Qu’apprécies-tu le plus dans ta mission d’écoutante ?
On ne devient pas bénévole par hasard. En tant que retraitée, j’ai rejoint L’Enfant Bleu dans une démarche intellectuelle qui m’apporte beaucoup au niveau juridique et psychologique. J’ose espérer aider des gens, que mon écoute puisse leur permettre de libérer leurs maux, ôter leur anxiété et trouver des solutions avec l’aide des professionnelles. Cela m’amène aussi à repenser ma manière d’aborder les choses, d’échanger avec les appelants car il ne faut pas oublier qu’au bout du fil il y a de l’humain.
- L’Enfant Bleu en trois mots ?
Écoute – Compétence – Professionnalisme
- Un message à celles et ceux qui souhaitent rejoindre l’association en tant que bénévole ?
Si vous pensez en être capable, engagez-vous ! Néanmoins, il est important de prendre du recul. Pour être un bon bénévole, une fois refermée la porte de l’association, il est indispensable de laisser derrière soi les situations que l’on écoute.
Accompagnement thérapeutique
Proposé aux enfants, le soutien psychologique doit pouvoir être mis en place le plus tôt possible pour aider l’enfant à surmonter les difficultés qu’il rencontre et pour l’aider à reprendre confiance en lui et dans les autres.
En effet, la nécessité d’une prise en charge la plus précoce possible est une réalité car la maltraitance entrave la vision du monde encore fragile que l’enfant est en train de se construire.
Plus la maltraitance survient tôt dans le développement d’un enfant, plus elle vient ébranler ses repères. De plus, nous savons que les maltraitances, quelles qu’elles soient, génèrent, au-delà des atteintes physiques, de lourdes conséquences émotionnelles et comportementales chez les enfants.
Il s’agit donc avant tout d’offrir à l’enfant un espace contenant et protecteur ainsi qu’une écoute bienveillante pour lui permettre de sortir du silence et d’aborder sa souffrance.
L’objectif essentiel de la thérapie est de favoriser l’expression des émotions et des souffrances : l’aider à identifier et à s’emparer de ses propres ressources, aussi bien internes qu’externes, exprimer des sentiments pour lesquels il n’a pas de mot, travailler sur l’image du corps, apaiser sa culpabilité, etc.
Une thérapie individuelle est également proposée aux personnes adultes ayant été victimes de maltraitance durant leur enfance. Lorsque l’adulte n’a pas eu la possibilité d’exprimer sa souffrance lorsqu’il était enfant ou jeune adulte, il met en place des défenses et des comportements, plus ou moins profondément ancrés.
Cet accompagnement psychologique pour les adultes victimes dans leur enfance, est d’autant plus important lorsqu’il s’agit de jeunes majeurs pour leur permettre de construire leur identité d’adulte sereinement.
En effet, entre 18 et 22 ans, au sortir de l’adolescence, les victimes de maltraitances rencontrent de nouvelles problématiques, à savoir l’image qu’ils peuvent renvoyer, des difficultés à s’insérer dans la vie professionnelle et à créer des liens solides, tant sur le plan social qu’affectif.
Témoignage de Lucie, 18 ans
- Pourquoi avoir entamé une thérapie ?
J’ai entamé une thérapie principalement pour essayer de comprendre. En effet, je ne croyais pas en ma version. Selon moi, on ne peut pas ne pas se souvenir des choses.
J’ai été prise en charge par Camille. Elle m’a expliqué ce qu’était l’amnésie traumatique. Elle m’a éclairée sur les fonctionnements et les mécanismes du cerveau. Elle m’a aidée à décrypter les pensées que je somatise, les réactions dont je peux faire preuve. Elle m’a alors expliquée et aidée à faire les liens entre ces réactions et mon passé.
Je suis réellement accompagnée dans mon cheminement, le chemin de la résilience. J’ai bénéficié en 2 ans d’une soixantaine de séances, et j’arrive désormais à gérer de mieux en mieux mes émotions et ce qu’il se passe dans ma vie. J’ai réussi, grâce à Camille, à parler à certains membres de ma famille, à couper contact avec mon agresseur et à me sentir mieux.
Merci à L’Enfant Bleu de me permettre d’avoir un suivi psychologique et d’avoir pu évoluer pour mieux me gérer !
Accompagnement juridique
Rappelons que, d’après l’article 375 du code civil, un enfant en danger ou en risque de l’être est celui dont la santé, la sécurité ou la moralité sont en danger, ou dont les conditions d’éducation ou de développement physique, affectif, intellectuel et social sont gravement compromises.Nous pouvons ainsi les informer, les conseiller sur les différentes procédures judiciaires et/ou administratives, les accompagner dans leurs démarches ou encore les orienter vers d’autres professionnels. Lors du premier contact, nos juristes effectuent un bilan de la situation juridique de la victime. Si aucune démarche de protection n’a encore été effectuée, nous envisagerons avec l’appelant ce qui peut être entrepris dans l’intérêt de la victime. Si des procédures sont déjà en cours, nous pouvons alors en assurer le suivi, informer l’appelant sur leur déroulement et les décisions prises par les autorités concernées (magistrat, cellule de recueil des informations préoccupantes).
Histoire de Célina, 21 ans
Célina, jeune majeure a été mise en relation avec l’association grâce à son école. Partie du domicile familial pour fuir les violences physiques et psychologiques qu’elle subissait de la part de ses parents, elle nous a appelé pour bénéficier d’un accompagnement psychologique.
En parallèle de cette prise en charge thérapeutique, Célina a pu échanger avec une juriste de l’association dans le but de répondre à ses questionnements. (…) La juriste lui a présenté les différentes démarches envisageables pour déposer plainte. Au vu de la situation de Célina et des faits de violences anciens qu’elle dénonçait, il apparaissait plus pertinent de rédiger une lettre auprès du procureur de la République. Célina s’est entretenue à plusieurs reprises avec la juriste pour rédiger cet écrit et revenir sur les faits de violences qu’elle avait subis dans son enfance. (…) Sa psychologue était présente à chaque étape de cette rédaction, le cadre du suivi thérapeutique ayant permis à Célina d’aborder les difficultés rencontrées lors de l’exercice de remémoration et de mise en mots des violences.
Il était important que Célina puisse compter sur l’appui d’un conseil juridique qui pourrait la représenter si les faits dénoncés devaient entraîner une audience. Suite à l’envoi de sa plainte au tribunal, Célina a pu être auditionnée par la brigade des mineurs et s’est soumise à une expertise psychologique auprès de l’unité médico-judiciaire. Ces actes ont pu être expliqués à Célina par sa psychologue et la juriste, avant leur réalisation pour qu’elle se sente en confiance. Célina s’est dite plutôt soulagée et contente. Elle s’est sentie écoutée et a pu raconter ce qu’elle avait vécu.